Lorsque je vais au marché du vieux-port en cette saison, je me sens comme une enfant devant une vitrine de Noël. Tout est beau, frais, odorant ; les couleurs fusent dans une palette infinie de jaunes, verts, rouges, bleus… Il y a même des haricots violets ! Les tresses d’ail suspendues m’émeuvent (nostalgie, quand tu nous tiens), la fraîcheur des légumes m’enchante (difficile de résister à l’attrait de radis croquants ou à celui de vraies salades touffues qui n’ont rien à voir avec les trois misérables feuilles hydroponiques emplastiquées et insipides que l’on trouve tout au long de l’année en épicerie), les variétés de courgettes, pâtissons et autres cucurbitacées m’interpellent.
Mais rien ne m’attire davantage que la myriade de fruits rouges qui envahit les étals : les fraises, griottes, groseilles, bleuets, framboises et mûres aimantent le regard. Juste à les voir, on en salive. On s’approche sous l’effet de leur attraction ; une interrogation nous ralentit : seront-ils sucrés cette année ? Eh bien oui ! Malgré le ciel qui nous a fait grise mine, tous ces fruits regorgent de saveur intense !
Se pose alors la question : que vais-je prendre aujourd’hui ? Parce que le marché, j’y vais à pied. Cela fait partie de mon rituel saisonnier. Le calendrier de production (qui varie au gré de la température) me sert de repère : d’abord les fraises, groseilles, puis les bleuets, framboises, griottes et mûres. Chaque promenade quotidienne rapporte son lot de fruits à transformer en tartes, crèmes glacées, gâteaux gourmands, fruits au sirop, liqueurs maison et confitures. Ou bien à déguster ainsi, tout nus, simples, délicieux. Ou encore en salade de fruits avec un soupçon de jus de citron, de sucre, quelquefois un peu d’eau de rose (avec les fraises, c’est un vrai régal), quelques feuilles de menthe, ou même un soupçon de gingembre. Les possibilités se déclinent en une infinité de gourmandises bien plus vaste que la saison.
Ça bouillonne dans ma cuisine. Les vapeurs d’enfance se déclinent en notes sucrées, les pots s’accumulent ; l’année sera fruitée dans notre garde-manger et sur nos tartines. Déjà, le cantaloup (melon) m’appelle. Viendront ensuite l’amour en cage (cerises de terre), le melon d’eau (pastèque), pommes, pommettes, poires et canneberges. La marmite n’a pas fini de chauffer, la cuisine d’embaumer.
Si tous ces plaisirs restent possibles, c’est grâce à tous ces producteurs qui, bon an, mal an, résistent à l’agueusie mondialiste standardisée. Ici, les fruits ont une saison. Ici, les fruits ont du goût. Remerciez-les, dites-leur combien vous vous êtes régalés la veille avec leurs fruits, leurs légumes. Cela ne change pas le monde, mais ça le rend plus doux.
Très beau billet ! Tu me donnes le goût de manger des fruits à m’en barbouiller la binette. Et comme tu as raison ; les producteurs d’ici, il faut les encourager et les remercier ! Grâce à eux, on déguste chaque année de succulents légumes et des fruits frais juteux. Merci pour ce texte. ✨😊😊✨
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