Contrairement aux recettes qui se transmettent humblement de génération en génération, souvent sur de simples bouts de papiers jaunis et un peu tachés ou des cahiers d’écolier, nombre de blogues et magazines culinaires se targuent de présenter la VRAIE recette de tel plat emblématique, l’AUTHENTIQUE dessert, etc. Vous êtes sérieux ?
À part certaines recettes pour lesquelles il existe de véritables chartes (et encore !), je croyais que cuisiner, c’était tester, essayer, transformer, adapter à son goût ou à l’époque (on ne mange quand même pas maintenant comme on le faisait il y a 100 ans), partager des émotions, ses réussites et ses échecs (parce que faut pas se le cacher, des fois, on loupe nos plats). J’avoue apprécier la lecture de vieux livres de cuisine. Cela me donne des idées, me fait sourire parfois (certaines recettes anciennes peuvent paraître exotiques, comme un plat à base d’ours), m’apprend toujours quelque chose (un tour de main, un accord, etc.). Je n’en ai jamais lu un qui se vantait de détenir la VRAIE recette de tel ou tel plat.
Bien sûr, je ne mettrais pas d’épinards dans ma quiche lorraine (j’appellerais ça une quiche aux épinards) ; tout comme je n’utiliserais pas d’huile de canola pour faire un aïoli. Et je n’appellerais pas un steak haché cuit un « tartare chaud » (déjà vu et entendu dans une émission de cuisine, j’ai failli m’étrangler). Il y a quand même des limites. Voir des appellations Brie, Camembert, Gouda, sur des fromages fabriqués en Amérique du Nord me hérisse. Mais pour ce qui est d’une recette, à part son créateur, qui peut certifier qu’elle est authentique ? Une recette qui vit se décline en autant de versions que de personnes qui la réalisent.
Je ne suis presque jamais à la lettre une recette. J’aime y mettre mon grain de sel, la décliner en plusieurs versions, conserver celle qui me satisfait le plus. J’adapte aussi en fonction de ce que j’ai dans le frigo, le congélateur ou le garde-manger. Si je goûte un nouveau plat dans un restaurant, j’essaie de le reproduire en fonction de ma mémoire gustative et là aussi, je transforme un peu. Bref, je fais une cuisine de tous les jours et j’essaie de la varier au maximum pour que l’ennui ne se retrouve jamais dans nos assiettes. Il y a tellement de saveurs et de textures à goûter ! Pourquoi s’emprisonner dans un intégrisme, fût-il gastronomique ?